1991-2021 : trente ans d’histoires japonaises aux 24 Heures du Mans (1/2)
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1991-2021 : trente ans d’histoires japonaises aux 24 Heures du Mans (1/2)

Trente ans après Mazda, premier constructeur nippon vainqueur, Toyota a signé en 2021 sa quatrième victoire consécutive. Ces trois dernières décennies ont également vu quatre pilotes japonais s’imposer dans la Sarthe, rythmant ainsi l’irrésistible montée en puissance du pays du Soleil Levant dans la légende des 24 Heures. En voici vingt histoires marquantes, avec pour ce premier chapitre la période 1991-2010 autour de Mazda, Toyota, Nissan et Honda.

Dimanche 23 Juin 1991 : le Japon retient son souffle ! – Lorsqu’à 12h54 la Sauber-Mercedes de Jochen Mass/Alain Ferté/Jean-Louis Schlesser, leader de la course seize heures durant, s’arrête à son stand à la suite d’un problème de refroidissement avant d’abandonner, la Mazda de Johnny Herbert/Bertrand Gachot/Volker Weidler s’installe en tête. Au Japon, la nouvelle fait sensation et incite toutes les chaînes de télévision à interrompre leurs programmes pour retransmettre en direct la fin de la course… qui voit bel et bien la première victoire sarthoise d’un constructeur nippon.

1991 : Mazda, une victoire « transcontinentale » - Cette année-là, Mazda remporte non seulement la course avec Herbert/Gachot/Weidler, mais place également deux autres voitures dans le top 10, grâce à David Kennedy/Stefan Johansson/Mauricio Sandro Sala (6e) et Pierre Dieudonné/Takashi Yorini/Yojiro Terada (8e). Un triomphe véritablement international, avec un Britannique (Herbert), un Allemand (Weidler), un Franco-belge né au Luxembourg (Gachot), un Irlandais (Kennedy), un Suédois (Johansson), un Brésilien (Sandro Sala), un Belge (Dieudonné), deux Japonais (Terada et Yorino), un ingénieur britannique aux bons soins de la 787 (Nigel Stroud), un partenaire français (Hugues de Chaunac et Oreca) et un conseiller belge (le sextuple vainqueur Jacky Ickx)… Une convergence saluée par David Kennedy : « Ce qui est extraordinaire dans cette histoire, c’est que les Japonais ont réussi à faire travailler ensemble des gens venus du monde entier. C’est le souvenir que je garde de cette fabuleuse aventure. »

1992-1994 : Toyota, les premiers podiums - Dans la foulée de la victoire de Mazda en 1991, Toyota, présent depuis 1985, signe à partir de 1992 ses premiers podiums aux 24 Heures. Cette année-là, Masanori Sekiya, Pierre-Henri Raphanel et Kenny Acheson terminent deuxièmes, puis Eddie Irvine, Jeff Krosnoff et Mauro Martini signent un résultat identique en 1994. Pendant cette période, Toyota signe sept autres top 10 dans la Sarthe : 5e, 8e et 9e en 1992, 4e, 5e et 8e en 1993, 4e en 1994.

1992 : le fabuleux destin de la Mazda MXR-01 - Avant de succéder dans la Sarthe à la 787 B victorieuse l’année précédente, la Mazda MXR-01 a d’abord été… une Jaguar XJR 14, par la grâce des relations privilégiées entre Tom Walkinshaw, patron de TWR et ancien partenaire de Jaguar dans la Sarthe (victoires en 1988 et 90), et le constructeur japonais, à qui il offrit la victoire des 24 Heures de Spa 1981. Après avoir terminé quatrième en 1992, le châssis se voit amputé de son toit pour devenir quatre ans plus tard le prototype Joest-Porsche TWR… double vainqueur au Mans en 1996 et 97 !

1995-2021 : quatre vainqueurs japonais pour sept victoires - Associé au Français Yannick Dalmas et au Finlandais JJ Lehto sur McLaren F1 GTR, Masanori Sekiya devient en 1995 le premier Japonais vainqueur des 24 Heures. Seiji Ara (en 2004 avec Tom Kristensen et Dindo Capello) et Kamui Kobayashi (en 2021 avec Jose Maria Lopez et Mike Conway) signent une victoire chacun, tandis que Kazuki Nakajima s’impose en 2018, 2019 et 2020.

 

1998 : le tir groupé de Nissan - En 1998 et 1999, la Toyota GT-One est entrée dans la mémoire collective des 24 Heures, mais n’oublions pas la Nissan R390 GT1, qui a signé en 1998 un superbe résultat d’ensemble avec les troisième, cinquième, sixième et dixième positions. Un exemplaire de cette voiture a été exposé à Paris lors de l’édition 2020 du salon Rétromobile par Xavier Micheron et sa structure Ascott Collection, dédiée aux voitures de compétition de collection : « Selon la nomenclature de Tom Walkinshaw Racing, qui avait développé la voiture, celle d’Ascott Collection porte le numéro de châssis R8 et avait terminé cinquième en 1998 (avec au volant Michael Krumm, John Nielsen et Franck Lagorce, ndlr), indique Xavier Micheron. Après la course, elle est repartie au Japon où elle est restée en l’état dans la collection Nissan, qu’elle a ensuite quittée pour arriver chez Ascott et c’est une circonstance unique, car il s’agit du seul exemplaire de la voiture à se trouver sur le continent européen, où elle est actuellement en cours de restauration. »

 

1998-1999 : deux podiums pour deux équipages japonais - Quatre pilotes japonais ont remporté un total de six victoires aux 24 Heures du Mans, mais aucun équipage 100 % nippon ne s’est imposé dans la Sarthe. Deux sont toutefois montés sur le podium. Aguri Suzuki/Kazuyoshi Hoshino/Masahiro Kageyama sont troisièmes en 1998 sur Nissan. L’année suivante, la Toyota GT-One de Toshio Suzuki/Keiichi Tsuchiya/Ukyo Katayama termine deuxième. C’est encore aujourd’hui le meilleur résultat d’un équipage japonais aux 24 Heures.

1998-1999 : Toyota GT-One, pionnière et culte - Dessinée par André de Cortanze, père de la Peugeot 905 victorieuse au 24 Heures du Mans 1992 et 1993, la Toyota TS020, dite GT-One, est l’une des grandes vedettes des éditions 1998 et 1999, et son aura ne s’est depuis lors jamais éteinte dans le cœur des passionnés du double tour d’horloge sarthois. En 1999, elle signe la première pole position mancelle du constructeur japonais aux mains de Martin Brundle. Elle manque de peu la victoire en 1998 et signe son meilleur résultat l’année suivante, avec la deuxième marche du podium. « Dès que je me suis assis dans la maquette du châssis à l'usine de Cologne, j'ai su que ça allait être une voiture très spéciale, se souvient Martin Brundle. Je ne comprendrai jamais comment elle n'a pas gagné au Mans en 1998 et 99. Mais dans l'ensemble, c'était une expérience formidable avec toute l'équipe Toyota, et cette voiture à l'air encore plus particulière aujourd'hui. »

2000 : Panoz en version japonaise - Autres voitures chères aux fans de la fin des années 1990 et du début des années 2000, notamment par leurs formes et leur moteur avant, les prototypes américains Panoz ont notamment été alignés en 2000 sous les couleurs japonaises de TV Asahi Team Dragon, avec à l’arrivée la sixième et la huitième place pour Toshio Suzuki/Masami et Masahiko Kageyama et Keiichi Tsuchiya/Akira Iida/Mashiko Kondo.

2010 : Honda, le premier top 5 d’une LMP2 - En 2010, la victoire de Jonny Kane, Nick Leventis et Danny Watts (Strakka Racing) marque une étape importante de l’histoire de cette catégorie. Leur HPD (pour Honda Performance Development, filiale compétition américaine) ARX-01c est la première LMP2 à entrer dans le top 5 du classement général (5e) et à franchir le cap des 5000 kilomètres parcourus en course. En 2012, Honda s’impose pour la deuxième fois en LMP2 avec la ARX-03b de Ryan Dalziel/Tom Kimber-Smith/Enzo Potolicchio, engagée par l’écurie américaine Starworks Motorsport. Parallèlement, Honda HPD est présent dans la désormais ancienne catégorie reine LMP1, avec les sixièmes places au général de David Brabham/Peter Dumbreck/Karun Chandhok (JRM) en 2012 et Kane/Leventis/Watts (Strakka Racing) en 2013.

PHOTOS (D.R. / ARCHIVES ACO & CHRISTIAN VIGNON) : LE MANS (SARTHE, FRANCE), CIRCUIT DES 24 HEURES, 24 HEURES DU MANS – De haut en bas : la Mazda 787 B de Herbert/Gachot/Weidler victorieuse en 1991 (n°55) ; les Toyota TS010 (n°33) et 94C-V (n°1) respectivement deuxièmes des 24 Heures 1992 et 94 ; la McLaren F1 GTR (n°59) au volant de laquelle Masanori Sekiya est devenu le premier Japonais vainqueur au Mans ; la Nissan R390 GT1 d’Aguri Suzuki/Kazuyoshi Hoshino/Masahiro Kageyama (n°32), premier équipage japonais sur le podium du général en 1998 ; les Toyota GT-One de Suzuki/Tsuchiya/Katayama (n°3) et Martin Brundle/Emmanuel Collard/Vincenzo Sospiri (n°1) en 1999 ; la Panoz japonaise (n°23) sixième en 2000 ; la victoire en LMP2 de la Honda HPD de Strakka Racing (n°42) en 2010.

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