Riche d’un palmarès inégalé – et, qui sait, peut-être même inégalable – aux 24 Heures du Mans, avec 19 succès au classement général et plus d’une centaine toutes catégories confondues, Porsche a souvent répondu présent lors des ses grands anniversaires sarthois. Souvenons-nous notamment des victoires de son modèle emblématique, la 911, en 1998 puis en catégorie LMGTE Pro en 2018, respectivement pour le demi-siècle et les 70 ans de la marque.
Ces dernières années, Porsche a ainsi fait régulièrement référence à son histoire sarthoise. En 2015, la décoration des 919 Hybrid saluait le 45e anniversaire de la première victoire de 1970. En 2018, Kévin Estre, Michael Christensen et Laurens Vanthoor s’étaient imposés en LMGTE Pro avec la livrée dite « cochon rose » vue sur la Porsche 917 en 1971. Et en 2022, le patronyme de la 963 poursuit une prestigieuse lignée de prototypes qui a fait de Porsche le détenteur du record de victoires au général.
956, 962… et 963
Porsche 963, donc… Pour comprendre l’origine de ce patronyme, remontons exactement quarante ans en arrière. En 1982 naît la Porsche 956, répondant à une toute nouvelle réglementation prototype dite du Groupe C. L’équipe d’usine signe deux victoires sarthoises consécutives, dont un impressionnant triplé pour la première apparition de cette voiture aux 24 Heures en 1982.
En 1984, l’écurie officielle est absente et Reinhold Joest signe avec la 956 sa première victoire mancelle de patron d’écurie. Cette même année, une déclinaison de la 956 fait son apparition aux Etats-Unis en IMSA. Elle est rebaptisée 962, avec notamment une modification imposée par le règlement du championnat américain concernant la position du pédalier, reculée derrière l’axe des roues avant.
En 1985, la 956 de Reinhold Joest signe la dixième victoire de Porsche au général, qui permet au constructeur allemand de dépasser Ferrari (neuf victoires). Cette même année, l’écurie d’usine fait son retour avec trois exemplaires de la 962, devenue pour la circonstance 962 C. Pour ses premières 24 Heures, Hans-Joachim Stuck lui offre un record absolu du circuit (3’14’’88, à 251,712 km/h de moyenne) qui ne sera battu que 32 ans plus tard par Kamui Kobayashi (Toyota). En course, l’Allemand termine troisième en compagnie de Derek Bell, tandis que Jacky Ickx boucle à son volant ses dernières 24 Heures en dixième position. En 1986 et 1987, Stuck et Bell signent deux victoires consécutives avec la 962 C, rejoints par l’Américain Al Holbert, qui avait fait débuter la 962 aux Etats-Unis en 1984.
A cette même période, la 962 inscrit son nom au palmarès des deux grands rendez-vous de l’endurance américaine, avec quatre victoires consécutives aux 12 Heures de Sebring (1985, 86, 87, 88) et trois aux 24 Heures de Daytona (1985, 86, 87). En 2023, la 963 renouera le fil de cette prestigieuse histoire avec une présence en piste à la fois en Championnat du Monde d’Endurance FIA et en IMSA WeatherTech Sportscar Championship, et déjà trois équipes confirmées à ce jour : l'écurie officielle Porsche Penske Motorsport sur les deux fronts, ainsi que deux clientes, JOTA en Championnat du Monde et JDC Miller aux Etats-Unis. Avec en point de mire la victoire de l’édition du centenaire des 24 Heures du Mans, qui serait également la vingtième de Porsche dans la Sarthe… Pour ses débuts sarthois, la 963 connaîtra-t-elle un destin encore plus glorieux que sa glorieuse ancêtre 956 voici quarante ans ? Réponse sous le drapeau à damier le dimanche 11 juin 2023.
PHOTOS (D.R. / PORSCHE AG) - Le rouge et le blanc de la livrée de la Porsche 963 font écho à la décoration de la 917 (n°23) de Hans Herrmann et Richard Attwood (de gauche à droite sur la photo ci-dessus), qui signa en 1970 la première victoire au général de la marque aux 24 Heures du Mans. A l'origine, seul le noir ne figurait donc que sur le seul numéro de course. Au centre, la Porsche 962 C de Derek Bell, Al Holbert et Hans-Joachim Stuck, victorieuse des 24 Heures du Mans 1986.