24 Heures du Mans - Derek Bell, souvenirs de Porsche et Ferrari
Le week-end dernier, lors de l'édition 2019 du Festival of Speed de Goodwood (Grande-Bretagne), Derek Bell a retrouvé le volant de la 917 LH, aujourd'hui propriété du Musée des 24 Heures, et première Porsche avec laquelle il s'est aligné au départ dans la Sarthe. Pour la circonstance, il évoque ses débuts manceaux, entre Porsche et Ferrari.
Derek Bell fait partie d'un club prestigieux : celui des cinq pilotes les plus victorieux aux 24 Heures du Mans. Avec cinq succès, il est à égalité avec Emanuele Pirro et Frank Biela, et seulement précédé de Tom Kristensen (neuf victoires) et Jacky Ickx (six victoires). Il découvre l'endurance au printemps 1970 sur le circuit de Spa-Francorchamps, au volant d'une Ferrari de Jacques Swaters, l'importateur belge de la marque, à peine un mois avant de disputer ses premières 24 Heures, toujours avec le cheval cabré. L'année suivante, il rejoint l'écurie Gulf de John Wyer, et partage avec Jo Siffert le volant de la Porsche 917 LH n°17, dont il a repris le volant le week-end dernier à Goodwood.
Quelle a été selon vous l'influence de la 917 sur les prototypes Porsche, comme la 936 ou la 956, qui lui ont succédé sur la plus haute marche du podium des 24 Heures du Mans ?
Je pense que la 936 a certainement été un développement de la 917 parce qu'ils ont maintenu une certaine continuité à cette époque avec un châssis tubulaire. Mais en toute honnêteté, ce fut la fin d'une ère à cause de la règlementation 3 litres qui a suivi après 1971.
"J'étais pilote de Formule 3, brièvement en Formule 1, et je me suis retrouvé dans la plus grande course du monde dans une nouvelle voiture."
Derek Bell
Pour vos deux premières participations aux 24 Heures du Mans en 1970 et 71, vous avez successivement piloté la Ferrari 512 et la Porsche 917, les deux grandes rivales de cette période...
Pour moi, à cette époque, chaque course était une nouvelle expérience incroyable. J'étais pilote de Formule 3, et brièvement de Formule 1, et je me suis retrouvé soudain dans la plus grande course du monde dans une nouvelle voiture. J'étais censé piloter pour Jacques Swaters aux 24 Heures du Mans mais Enzo Ferrari a dit non, et j'ai donc piloté une Ferrari d'usine. Ce n'était pas comme aujourd'hui, avec les simulateurs et les caméras embarquées des voitures qu'on peut regarder sur un écran de télévision ou d'ordinateur. Je n'avais jamais vu de film sur Le Mans, je n'avais aucune idée de l'endroit où se trouvaient les virages. C'était pareil pour mon coéquipier Ronnie Peterson, qui lui non plus n'était jamais venu au Mans. C'était une mentalité différente de la Formule 3, de la Formule 2 et de la Formule 1. Je me souviens avoir lu des livres sur l'histoire de Jaguar au Mans et il était avant tout question de stratégie : la voiture qui allait le plus vite, celle qui roulait plus lentement et celle qui était entre les deux. Et la voiture lente était censée aller au bout, du moins on l'espérait, si les autres avaient des problèmes.
En 1971, vous rejoignez l'écurie Gulf. Quelles étaient vos relations avec Jo Siffert, Pedro Rodriguez et Jackie Oliver, vos compagnons d'écurie sur les deux Porsche 917 LH de l'équipe ?
Je connaissais Jo, je connaissais Pedro. Jo et Pedro étaient incroyablement rapides, leur pointe de vitesse me sidérait, mais chez John Wyer, il fallait être aussi bon que les autres et j'ai su que je devais être à leur hauteur en termes de rapidité. Je connaissais Jackie car nous avions couru en Formule 2. Je ne me rendais pas compte à quel point il était expérimenté. J'étais vraiment le petit nouveau, je n'avais pas d'expérience. Jackie avant déjà beaucoup couru, deux ou trois ans, avant moi. Quand Jacky Ickx et moi étions compagnons d'écurie au Mans chez Ferrari en 1970, je savais qu'il était plus jeune que moi. Mais je ne me suis pas assis dans une voiture de course avant l'âge de 23 ans, alors que Jacky le faisait depuis qu'il avait 16 ou 17 ans.
Par la suite, Derek Bell et Jacky Ickx ont constitué l'un des grands duos de l'histoire des 24 Heures. En 26 participations, le Britannique a été associé au Belge à quatre reprises, et a signé à ses côtés trois de ses cinq victoires sarthoises. Derek Bell, c'est aussi un long compagnonnage avec Porsche aux 24 Heures, avec 14 départs... Et un beau retour aux sources au volant de la 917 LH du Musée des 24 Heures.
PHOTOS (LOUIS MONNIER / ACO) - CHICHESTER (WEST SUSSEX, GRANDE-BRETAGNE), GOODWOOD FESTIVAL OF SPEED. Derek Bell a piloté la Porsche 917 LH du Musée des 24 Heures dans le cadre exceptionnel de l'un des événements de voitures de compétition de collection les plus célèbres au monde.
Alors que 2024 touche à sa fin, voici un retour en image sur la 92e édition des 24 Heures du Mans. La classique mancelle a, une fois encore, écrit des pages mémorables de l’endurance et offert des instants inoubliables. Voilà notre sélection des plus belles photos capturées par les photographes officiels des 24 Heur...
La 92e édition des 24 Heures du Mans a confirmé son rôle de pionnière dans le domaine des pratiques responsables et durables. De nombreuses initiatives visant à réduire l’impact environnemental de la course ont été activées. Entre technologies de pointe, sensibilisation du public et engagement sociétaux, voici une r...
L'année 2024 a été marquée par une programmation exceptionnelle au Musée des 24 Heures du Mans, qui a attiré un public toujours plus nombreux. Avec des expositions inédites, des événements interactifs et des animations captivantes, le musée a su se positionner comme un lieu incontournable pour les passionnés d’histo...
Le Mans, là où tout prend sens | Depuis 1923, les 24 Heures du Mans incarnent l’épreuve ultime de l’endurance automobile. Avec seulement 145 pilotes et 25 marques ayant déjà accédé à la plus haute marche du podium, cette course est l’équivalent de l’Everest pour les passionnés et acteurs du sport automobile. Chaque ...